Bonjour,
Voici en quelques mots le bilan de ce début de saison : nos vignes ont besoin de soleil.
Pour mieux comprendre ce qui guide chaque jour chacun de nos gestes, nous avons tenté d’écrire nos valeurs : la profession de foi de Larmandier-Bernier.
Pour poursuivre et partager l’expérience enrichissante de notre groupe TRAIT-D-UNION, vous pourrez lire un extrait du récit de Jacky Rigaux. Il est question du réveil du champagne de lieu comment passer du cri plus ou moins exubérant du cépage au murmure du terroir !
Bonne lecture et très bel été !
Bilan de ce début de saison
Cette année végétative commence par une alternance de périodes chaudes – très courtes – et de périodes froides – très longues !
Les gelées en avril nous ont relativement épargnés.
Certaines vignes ont « frisé », d’autres, notamment deux vignes à Cramant, sont
plus sérieusement atteintes.
Les dégâts du gel concernent plutôt les vignes sur les hauteurs, curieusement cela
est caractéristique d’une gelée d’hiver plutôt que de printemps.
Ce développement lent de la vigne a laissé tout le temps aux boarmies et aux noctuelles de faire un festin de nos tendres bourgeons naissants. Eh oui, il y a de la vie dans nos vignes…
En ce début juin, la vigne a une grosse semaine de retard par rapport à la moyenne. La fleur se profile pour le 20 juin et les vendanges pour fin septembre.
Le vent des Rameaux, orienté au nord-est, devait nous apporter un temps sec. Pour le moment, l’adage n’est pas vérifié !
Nous attendons avec impatience ce temps sec et ensoleillé.
Notre profession de foi
Des grands crus, des premiers crus en Champagne mais pas seulement…
Chaque millésime, nous tentons d’approcher l’expression la plus pure de nos terroirs. Nous cultivons nos vignes avec le plus grand respect depuis plus de 25 ans. Nous préservons chaque jour l’héritage de vieux ceps plantés par nos ainés.
Notre mode de culture est bio, biodynamique mais pas seulement…
Dans chaque geste, nous recherchons l’équilibre de la plante et nous avons appris la patience pour cueillir un fruit parfaitement mur. Dans la cave aussi, notre volonté de respecter la diversité de nos terroirs inspire chacune de nos décisions.
Nous n’imposons pas, nous plaçons simplement nos vins dans des conditions idéales d’élevage : respiration dans nos futs et nos foudres choisis pour leur pureté puis lente maturation dans la fraîcheur de notre cave creusée dans la craie.
Nous leur donnons le temps d’évoluer vers la minéralité extraite au plus profond de nos terroirs.
La récompense arrive plusieurs années plus tard, à l’ouverture d’une bouteille, le vin peut respirer à nouveau et nous pouvons apprécier cette fraicheur, cette franchise, cette absence de façade des vins authentiques.
Le réveil du champagne de lieu
Extrait du récit de Jacky Rigaux à propos de l’évènement TRAIT-D-UNION 2016
Vins fins et vins communs
Après la Révolution Française, les vins fins, réputés être ceux des aristocrates et des élites religieuses, régressèrent considérablement dans tout l’hexagone, au profit de la généralisation des « vins communs » et des vins industriels… La loi sur les Appellations d’Origine Contrôlée, en 1936, permit de faire retour aux vins fins après la période dramatique du phylloxéra.
L’arrivée de la viticulture chimique et de l’œnologie correctrice, dans la foulée de la deuxième guerre mondiale, mit à mal cette exigence de qualité et entraîna une période d’avilissement de la notion de terroir. Partout en France et dans le monde, les vins devenaient de plus en plus insipides et devaient être « arrangés » par de multiples corrections œnologiques…
Le réveil des terroirs
Heureusement, dans les années 1980, un mouvement de « réveil des terroirs » s’engagea dans tous les vignobles historiques.
L’exceptionnelle diversité d’expression des terroirs peut alors à nouveau enchanter les palais les plus exigeants, avec bien évidemment une infinité de goûts au sein de chaque vignoble selon les expositions, les altitudes, la diversité des substratums… Ici la craie domine, là l’argile, là encore les sables.
Le retour à l’observation et à la compréhension d’une Nature à la diversité enchanteresse guide l’esprit et la main du vigneron ! Et l’intérêt pour le lieu guide à nouveau le palais des amateurs désireux de renouer avec des vins sapides et exhalant la minéralité de leurs lieux de naissance !
Comment comprendre et retrouver cet intérêt pour l’identité du lieu et apprécier son expression dans le verre ?
La dégustation géo-sensorielle associe la connaissance du lieu à l’art d’en déguster le vin qui en naît. Cette dégustation, maîtrisée par les gourmets d’antan chargés de s’assurer, dans tous les vignobles de vins fins, du 12ème siècle à la Révolution Française, de l’origine des vins dont ils contrôlaient la vente, fut abandonnée et remplacée par l’analyse sensorielle qui se préoccupe essentiellement de sa dimension organique.
Nous sommes ainsi invités à abandonner le primat du nez qui privilégie la dimension organique du vin, pour se recentrer sur le toucher de bouche : consistance, souplesse, viscosité, vivacité, texture, longueur.
En bouche, chaque lieu génère une texture originale, différente du lieu voisin !
En se centrant sur le toucher de bouche et sur la dimension minérale du vin génératrice de sapidité, le dégustateur passe du cri plus ou moins exubérant du cépage au murmure du terroir !
Les dimensions organiques et minérales des vins
M. David Lefebvre explique les bases scientifiques qui permettent de distinguer la dimension organique du vin de sa dimension minérale.
Exprimant d’abord sa dimension organique, rehaussée éventuellement par les ajouts biochimiques de l’œnologie interventionniste, le vin révèle ensuite sa dimension minérale, à condition bien sûr de conduire sa vigne sans engrais chimiques, pesticides, herbicides ou autres fongicides… qui empêchent les racines de s’enfoncer dans le sols pour y absorber, grâce aux microbes alentours, les minéraux naturels !
Nos sens chimiques, l’odorat et le goût, sont singuliers, intiment liés à notre physiologie, ce qui fait que personne ne ressent exactement les mêmes choses. En revanche, nos sens physiques, l’ouïe, la vue et le toucher, font davantage consensus !
Sapidité et minéralité ne s’expriment pas par des arômes mais par le toucher de bouche qu’elles génèrent…
Tous les participants remercient les vignerons de TRAIT-D-UNION (Roger Coulon, Egly-Ouriet, Jacquesson, La Closerie, Larmandier-Bernier, Jacques Selosse) de leur avoir donné l’occasion de vivre une telle expérience : renouer avec l’esthétique du goût de lieu !