Saison 2025
Après 1an et demi de pluie presque continue, le soleil est arrivé en Champagne fin Mars. Et il est toujours là ! En effet, il n’a quasiment pas plu depuis et nous nous retrouvons dans une situation ironique: nous sommes maintenant heureux lorsque de la pluie est annoncée.
Ce temps sec a permis une bonne maitrise du couvert végétal et, pour le moment, la quasi absence de pression maladie. Nos jeunes plantations souffrent du manque d’eau, ils n’ont pas le système racinaire de nos vieilles vignes. Cette année, nous avons replantés 30 ares (3000 pieds) qu’il faut maintenant arroser si nous voulons sauver la plantation. C’est une situation nouvelle pour nous. Jamais nos parents n’ont arrosé les plantations, les pluies printanières et celles de l’été étaient suffisantes. Bien sûr, nous utilisons des quantités mesurés et il ne s’agit pas d’arroser les vignes « adultes », l’appellation Champagne ne l’autorise pas. Cet arrosage est limité aux 2 premières années de plantation lorsque la vigne ne produit pas.
Heureusement, les nappes sont pleines et la craie joue son rôle de régulateur. Ainsi nos vignes déjà installées souffrent beaucoup moins de ce manque d’eau. Elles bénéficient de la fraicheur et de l’humidité presque constantes de la craie.
La saison 2025 se présente bien pour le moment et nous apprécions cette météo un peu plus calme après 2024 et 2023 qui ont mis nos nerfs (et nos récoltes) à rude épreuve.
Un vigneron en Champagne, qu’est-ce que c’est ?
Quelle est la différence entre une marque et un vigneron? Le nombre de bouteilles produites ? L’achat de raisins versus l’élaboration uniquement à partir d’une récolte maison ? Le savoir-faire ?
Petit retour en arrière : En 1988, lorsque Sophie et moi avons repris le domaine familial, l’offre de champagne se résumait à quelques grandes marques ou des « petits champagnes pas chers ». A cette époque, nous étions « petits » (9 hectares), mais dans la Côte des Blancs, c’est dire notre chance. Nous avions de magnifiques terroirs et une profonde ambition : produire de grands vins ! Pour élaborer le meilleur vin possible, nous pensions que notre taille et notre choix de ne pas acheter de raisins étaient des atouts. Cela permet d’aller jusqu’au bout de la démarche, de ne négliger aucun détail. Ainsi, à contre-courant, nous avons cherché à maîtriser nos rendements, à obtenir la maturité complète des raisins et nous avons choisi le bio et la biodynamie. Le bio n’était pas à la mode dans les années 90 mais cette voie nous paraissait la meilleure pour élaborer des vins de caractère.
Puis est apparue progressivement la notion de « champagnes de vignerons ». Notamment grâce à Terry Theise aux USA qui est un des premiers à parler (et à importer) des « grower champagnes ».
Presque 40 ans plus tard, le paysage a bien changé :
Comme un effet de balancier, les vignerons sont maintenant à la mode. Les maisons adaptent même leur communication pour mettre en avant une « image de vigneron » et une respectabilité environnementale. Une multitude de petits domaines fleurissent, certains sont des pépites mais à chacun de les découvrir car malgré une image idyllique du vigneron, small is not always beautiful 😉
Ce qui nous parait déterminant, c’est le contrôle de la culture de la vigne, la certification bio, l’implication du vigneron et bien sur le terroir d’origine des raisins.
Aujourd’hui, nous cultivons une vingtaine d’hectares et nous n’achetons toujours pas de raisins. Cette taille nous convient bien car, avec nos 2 fils, nous pouvons maîtriser nous-mêmes toutes les décisions et les petits gestes quotidiens à la vigne comme à la cave. Cette maîtrise signifie responsabilité mais aussi liberté : nous élaborons des vins tels que nous les aimons !
C’est pourquoi, nous sommes bien dans notre peau de vignerons et nos enfants Arthur et Georges aussi !